Coronavirus : du confinement à l’effondrement. Et après ?

C’est fait ! Depuis le 17 mars 2020, la France est en quarantaine. « Nous sommes en guerre ! » a proclamé notre Jupiter national qui s’y connait bien en la matière après avoir fait mutiler sa propre population au moyen d’armes militaires telles que les LBD et les grenades de désencerclement contre les gilets jaunes. Mais cette fois-ci, il pense pouvoir en tirer avantage car l’ennemi n’est plus le peuple. Il est invisible : le coronavirus ou Covid 19.

L’avantage de l’ennemi extérieur, c’est que l’on peut en appeler à l’unité nationale. Que le peuple tout entier fasse bloc derrière ses représentants pour sauver la nation. Ce mot d’ordre est celui relayé par la plupart des partis politiques, sinon l’intégralité, y compris d’opposition. « Le moment est à l’unité et la cohésion ». « Il y a un temps pour tout ». « Viendra l’heure du bilan mais plus tard ».

Je ne suis pas d’accord. Je regrette, mais ce sera sans moi. L’unité du peuple, oui.  Mais ce sera sans eux.

Nous sommes au cœur d’une crise sanitaire mondiale qui est la plus dangereuse pour l’humanité depuis un siècle. La crise financière mondiale est amorcée et la crise économique, dont la déflagration sera sans comme mesure avec celle de 2008, suivra. Il est hors de question que nous laissions à ceux qui sont à l’origine du désastre en cours la responsabilité de reconstruire le monde d’après. Reconstruire tous ensemble, mais sans eux.

« Eux »? Ce sont tous nos gouvernants incapables, incompétents, cyniques, condescendants et irresponsables que nous subissons depuis tant d’années. Et coupables de ce qui arrive.

Car ce ne sont pas les mesures de confinement, d’impérieuse nécessité, qui viennent d’être prises qui les exonèreront de leurs responsabilités. Elles arrivent tard, bien trop tard. Nous n’éviterons pas, selon le scénario le moins pessimiste, des milliers de morts dans notre pays. Et pourtant, Agnès Buzyn « savait ». C’est elle qui le dit. Elle dit aussi avoir alerté Emmanuel Macron et Edouard Philippe dès le mois de janvier du tsunami qui arrivait. Il faut prendre ces déclarations d’une désormais ex-candidate défaite à la Mairie de Paris avec précaution car la même, alors ministre de la santé, déclarait le 24 janvier 2020 que le risque de propagation du virus en France était « quasi-nul ». Quelle perspicacité ! Soit elle mentait à l’époque, soit elle ment aujourd’hui. Peu importe. Pourquoi continuer à accorder quelque attention que ce soit aux propos de ceux qui ont fait du mensonge leur profession ? Il faut faire sans eux. Ce que l’on savait avec certitude, c’est que l’une des plus grandes puissances économiques mondiales n’a pas hésité à confiner 60 millions d’habitants et que malgré ces mesures radicales, on comptait des dizaines de milliers de personnes contaminées et des milliers de morts. Certains pays organisaient des contrôles très stricts aux frontières pour se protéger du virus. De notre côté ? On prenait grand soin à coller des affiches d’information dans les aéroports … le virus n’as qu’à bien se tenir ! Faire plus ? Inutile car « le virus ne connait pas les frontières ». C’est surtout que nos gouvernants, qui vouent depuis toujours un amour inconditionnel à l’Union Européenne et au libre-échange, ne les aiment pas les frontières ! Idéologie contre pragmatisme. Sauf que les idéologues, ce sont eux. Pas nous.

Et puis il y eut l’Italie. Lorsque l’épidémie a explosé chez nos voisins transalpins, nous avons immédiatement compris que nous ne serions pas épargnés. La France était seulement « en retard » de 8 jours. Quelle chance nous avions ! Nous disposions d’une avance de 8 jours pour anticiper. Encore fallait-il admettre que nous ne leur sommes pas supérieurs ce qui semble difficile à concevoir pour nos si brillantes « élites ». Quand l’Italie décidait le confinement, Emmanuel Macron consacrait une large part de son discours à faire l’apologie des « gestes barrières » pour en appeler à la responsabilité individuelle de chacun. Vous savez, le même esprit de responsabilité qui commandait de reporter le premier tour des élections municipales … On connait la suite.

Inertie, indolence, inconséquence. Ces gens censés servir l’intérêt général et protéger la santé de la population auront attendu jusqu’au dernier moment pour prendre les mesures qui s’imposaient. Rien d’étonnant pour ces opportunistes qui ont pris l’habitude de faire passer l’argent avant la vie des gens.

Il faut soutenir notre système de santé « quoiqu’il en coûte » s’exclame désormais Emmanuel Macron. A la bonne heure ! Lui et tous ses prédécesseurs se sont appliqués à détruire l’hôpital public pendant toutes ces années sur l’autel de la sacro-sainte rigueur budgétaire. Celle qui est à l’origine du mouvement de grève historique que les personnels de santé menaient depuis un an. Les conséquences aujourd’hui sont gravissimes : manque de personnel, manque de lits, manque de masques de protection, manque de matériels. Il n’y avait pas « d’argent magique pour l’hôpital » déclarait l’ancien banquier peu après son élection. La même réponse était systématiquement apportée dès qu’il s’agissait des services publics essentiels (éducation nationale, justice, police, santé), de l’assurance chômage, du système de retraites …

Tout cela n’était que du vent. De l’argent, il y en a – nous le savons aujourd’hui – et il y en a toujours eu. Mais ils préféraient le donner à ceux qui possédaient déjà trop par le biais de dispositifs fiscaux très avantageux (CICE, ISF, flat tax, Crédit d’impôt recherches …).

Politique au service d’une caste de privilégiés dont les effets dramatiques apparaissent au grand jour : nos médecins vont devoir trier les malades entre ceux qui auront une chance de sauver leur vie en accédant à un respirateur, et les autres … qui seront sacrifiés.

Tout repose aujourd’hui sur les soignants de notre nation qui mettent leur vie et celle de leurs proches en danger. Nous leur serons éternellement redevables. Mais les mots ne suffiront pas. Il faudra des actes. Et en la matière, nous savons que nous n’avons rien à attendre « d’eux ».

En ces moments difficiles, que l’on s’inquiète pour soi ou ses proches, nous ferons preuve de solidarité. Lorsque nous aurons vaincu cette épreuve, il faudra reconstruire. Qu’ils sachent que nous n’oublierons pas. Que nous ne pardonnerons pas. Reconstruire tous ensemble, mais sans eux.


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